Programmation du Peuple Qui Manque : 08/02/08
GENRES : NORMES ET TRANSGRESSIONS
CYCLE DE FILMS ET SEMINAIRE / SAISON 2007/2008
Maison Populaire de Montreuil et Cinéma Le Méliès
La Maison Populaire de Montreuil et le Cinéma Le Méliès invitent cette année le peuple qui manque qui proposera et présentera d’octobre 2007 à mai 2008 un panorama de films rares, documentaires, vidéos d'artistes, cinéma d’avant-garde, retraçant une brève histoire du cinéma des corps et des identités, depuis les années 70, des mouvements de libération des femmes et d’affirmation des minorités sexuelles jusqu’au cinéma queer contemporain.
Vendredi 8 février 2008 - 20h30
Queer Black Art
Marlon Riggs, Howardena Pindell, Wapinduzi Productions
Maison Populaire de Montreuil
ENTREE LIBRE
«
Le racisme, comme le sexisme, est une pathologie avant tout visuelle :
il s’accorde sur les différences que l’on perçoit des apparences et non
sur les différences d’ascendance génétique. L’art est avant tout un
medium visuel. Ainsi l’art politique devrait sembler avoir le potentiel
pour fournir un puissant antidote au racisme... » Adrian Pipper, 1998
(citée par Elvan Zabunyan in Black is a color). Les artistes
africains-américains qui s’inscrivent, aux Etats-Unis, depuis les
années 60, au sein de l’art féministe et depuis les années 90, au sein
d’un art queer, se sont affrontés aux oppressions inscrites jusque dans
leurs corps et leurs peaux. Les arts visuels se sont fait le lieu
privilégié d’un tel travail critique. Par l’élaboration poétique et
politiqu! e d’une culture plastique rendant compte de l’expérience
noire et celle de sujets sexuels abjectés, vidéos activistes et vidéos
d’artistes ont relevé la gageure de l’invention d’utopies et
d’autonomies identitaires.
«
Des hommes noirs aimant des hommes est l’acte révolutionnaire », est-il
dit dans « Tongues untied » (Langues déliées), réalisé en 1990 par le
cinéaste, enseignant, activiste, et poète afro-américain Marlon Riggs
mort du sida en 1994, dans ce film d’artiste où il est question de
l’appartenance à l’identité noire et à l’identité gaie et de la
difficulté de se représenter dans une expérience qui est pensée comme
contradictoire. Se faisant la chambre d’échos de récits singuliers
d’hommes noirs en butte de surcroit au mépris homophobe de la
communauté ! noire et au déni de toute reconnaissance des noirs dans la
communauté gaie californienne, les personnages de Tongues Untied se
trouvent tous exilés d’eux-mêmes. Il est encore question, dans ce film
à la beauté incantatoire, du silence, arme mortifère, de la colère non
exprimée, de cette humanité dont l’injure cherche à déchoir, et de la
mort sociale qu’engendrent le racisme et l’homophobie de la société
américaine. Une
des voix du film, dit ainsi : « J’étais un homme invisible, je n’avais
ni ombre, ni substance, ni place, ni histoire, ni reflet ». Les récits
qui s’entrecroisent, entremêlés à des poème! s d’Essex Hemphill, Steve
Langley, Alan Miller, des chan! sons de Nina Simone ou de Roberta
Flack, de performances rap issues des subcultures des ballrooms et du
voguing, s’affranchissent du mutisme, tissant une communauté
d’expérience et une communauté d’action.
Née en 1943, peintre conceptuelle d’origine afro-américaine, Howardena
Pindell est amenée à s’interroger sur la condition des femmes et le
colonialisme au travers de la vidéo. « En tant qu’artiste noire, le
premier effet que vous ressentez quand vous entrez dans une galerie a
encore à voir avec la couleur de votre peau. Vous n’êtes pas d’abord
vu(e) comme un(e) artiste mais comme une entité politique. » dit-elle
en 1980. Free, White and 21, vidéo en forme d’autoportrait, relate les
expériences de l’artiste, critiquant les féministes blanches et le
racisme régnant dans le monde de l’art.
Via New Work de Kagendo Murungi
(Wapinduzi Productions)
(1995, 10 min)
Via NewYork explore la politisation des étudiants Africains à New York
et la participation des lesbiennes et gays sud-africains dans les
luttes contre l’apartheid, et constitue ainsi un instantané des vies
lesbiennes et gaies africaines au travers de l’angle de la migration et
de la poursuite des études universitaires, expériences qui catalysent
toutes deux transformation de soi et changement social.
Wapinduzi Productions est une base africaine multimédia, translocale et
indigène pour la création indépendante et la distribution de vidéos
féministes et LGBTST « de couleurs » autour du monde.
Programmation: Kantuta Quiros & Aliocha Imhoff
Informations pratiques: |
http://www.lepeuplequimanque.org