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Tattito Rykiel Out Of The Garbage
18 décembre 2008

"Pas de photos. Maintenant, c'est comme ça"

 

Lors d'une manifestation lycéenne place Bellecour à Lyon, mardi vers 17h30, des policiers ont empêché deux photographes de l'AFP de faire leur travail. L'un d'eux, Jean-Philippe Ksiazek, raconte à Rue89 comment les hommes en bleu lui ont "arraché" son appareil avant d'en effacer toutes les photos.

Jean-Philippe Ksiazek appréhendé par les policiers, mardi à Lyon (DR)

(De Lyon) Les lycéens n'étaient pas très nombreux, une cinquantaine, et bloquaient l'un des côtés de la place. Il y avait une dizaine de camions de CRS, et nous étions cinq photographes: trois indépendants et deux de l'AFP, mon collègue Fred Dufour et moi, venus du bureau de l'agence qui se trouve juste à côté. Nous avions notre brassard de presse.

Des policiers sont venus vers nous et nous ont dit: "Pas de photos." J'ai répondu que j'avais une carte de presse, que je faisais mon travail:

"- Aujourd'hui, c'est interdit de faire des photos.

- Pourquoi aujourd'hui?

- Parce que maintenant, c'est comme ça."

Apparemment, c'est pour des raisons de droit à l'image des policiers. Ensuite, les CRS ont repoussé les jeunes de la chaussée, très proprement, en procédant à deux ou trois arrestations.

Ils ont essayé de nous empêcher de photographier. Ils ont bloqué Fred sur un mur, avec une matraque dans le cou et une sur la poitrine, en lui disant: "Toi, tu travailles pas."

Moi j'ai réussi à faire quelques photos. Juste après, deux CRS et un policier coiffé d'un képi m'ont embarqué en me faisant une clé de bras:

- Maintenant, tu effaces toutes tes photos.

- Non, il n'y a pas de raison que je fasse ça. Je suis journaliste, j'ai ma carte de presse, je travaille."

Ils voulaient m'emmener au poste, comme si j'avais braqué une banque. Puis, pendant que deux policiers me tenaient, le troisième a arraché mon appareil, qui était en bandoulière autour de mon cou.

Ensuite, ils ont effacé toutes les photos, d'un seul coup, ce qui me laisse supposer qu'ils ont eu une formation pour ça. Il y avait environ 150 photos, d'un blocage de lycée le matin, et de la manifestation de l'après-midi. Ensuite ils m'ont dit: "Voilà, vous pouvez rentrer chez vous."

Heureusement, comme les photos, même effacées, laissent des traces dans la mémoire de l'appareil, on a pu les récupérer. Elles ont été diffusées.

Le chef du bureau de l'AFP à Lyon a protesté auprès des autorités, et on lui a répondu: "Envoyez un courrier."

Il y a une nouvelle manifestation lycéenne jeudi à Lyon, on verra comment ça se passe.

Photo: Jean-Philippe Ksiazek appréhendé par les policiers, mardi à Lyon (DR)

Les syndicats de journalistes protestent contre cette censure [1]

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