Forme et évolution
Seminaire BIOSEX du 3 et 4 juin 2010
Ce module est organisé pour la troisième année consécutive. Il est
destiné à renforcer la formation scientifique pluri-disciplinaire des
doctorants, selon l’esprit qui anime l’Ecole doctorale 139
Connaissance, Langage et Modélisation. Rappelons que celle-ci
rassemble, et parfois hybride, aussi bien des disciplines des sciences
humaines que des disciplines relevant des sciences « dures » :
Esthétique, Ethologie, Information & Communication, Mathématiques,
Philosophie, Psychologie, Sciences de l’Education, Sciences du Langage,
Sciences physiques & Sciences de l’ingénieur, Sport.
L’Ecole Doctorale 139 s’est en outre fixé parmi ses missions
essentielles l’encadrement scientifique et le suivi pédagogique des
doctorants ; mais aussi d’instaurer les conditions de l’acquisition
d’une culture pluridisciplinaire et de compétences diversifiées. Le
module transversal traduit cette volonté de l’ED 139, par une
collaboration suivie avec deux ED rattachées à de grandes institutions
scientifiques parisiennes.
Thème du module 2009-2010
Le terme évolution a deux sens : si aujourd'hui, évolution signifie la
transformation des espèces, ce n’est pas le cas au XVIIIe siècle, où
evolutio désigne le développement d’un germe préexistant, qui se
déroule. Les historiens des sciences se sont demandé si les deux sens
étaient liés l’un à l’autre. Cela aurait comme implication, par
exemple, de penser la transformation des espèces comme le développement
d’un individu. Ce fut le cas par exemple dans plusieurs théories
pré-darwiniennes (comme les Vestiges de la Création de Robert
Chambers, parus en 1844). De ce point de vue, la théorie de l’évolution
par sélection naturelle de Darwin constituerait une rupture, même si
certains historiens ont suggéré, de manière provocatrice, qu’un tel
rapprochement était encore pertinent dans l’Origine des espèces (cf.
Robert Richards, The Meaning of evolution).
Cette question sera tout particulièrement l’objet de la première
journée du module se déroule au Muséum national d'histoire naturelle.
La seconde journée, organisée à Nanterre, a plus particulièrement pour
thème la prise de forme, ce qu’on pourrait appeler, non sans ironie,
les théories du « bodybuilding ». Dans ce cadre, sera menée une
réflexion pluridisciplinaire sur la construction des corps : non
seulement sur les pratiques (sport, chirurgie esthétique,
transsexualité), ou sur le « souci de soi » dont ces pratiques
témoignent ; mais plus généralement sur la nature des corps qui sont
nôtres, au croisement de la biologie et de la société. Nos corps sont
construits mais jusqu'où s’étend la construction des corps ? qu’est-ce
qu’un corps « naturel » ? Depuis que Judith Butler a mis ce thème en
avant dans Trouble dans le genre (1990), on considère parfois
que la distinction entre sexe et genre, entre le biologique et le
social, ne tient pas : parce que ce que la biologie traite comme le
corps naturel est en réalité, de toutes parts, informé de
représentations sociales. Cette rencontre pluridisciplinaire sera
l’objet de discuter ces positions.
Le programme en ligne sur le site de BIOSEX ou en PDF ici.